• Devoirs à la maison: je n'en donne plus

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    Je ne donne plus de travail du soir et ça marche
    Être responsable des apprentissages de ses élèves, avoir le temps, rendre l’enfant médiateur du lien école famille, ça marche !
    Mots-clés : devoirs à la maison]
    Outil ]
     

    Enseignant en CM2, je ne donne plus de travail du soir depuis 1 an, et ça marche…

    Cela fait  12 ans que j’enseigne en cycle 3 et je n’ai jamais donné de devoirs écrits à faire à la maison ; conformément à la loi (de 1956 !). Cette loi a pour objectif principal « L’égalité des chances ». Au  début de l’année scolaire dernière, je me suis dit que le seul  fait de demander aux élèves d’apprendre une leçon à la maison pouvait être aussi profondément inégalitaire.  J’ai donc décidé de ne plus donner aucune sorte de travail du soir : ni écrit, ni de lecture, ni de mémorisation.

    Mon idée est de programmer l’ensemble de la démarche d’apprentissage sur le temps scolaire et d’y impliquer au maximum les élèves. Faire en sorte que la totalité de la séquence, que je compare à une chaîne, soit gérée d’un bout à l’autre par la classe, en classe : découverte, expérimentation, institutionnalisation, entraînement, mémorisation, évaluation, remédiation. Et ainsi, ne pas laisser un seul maillon en « sous-traitance » aux familles. Cela demande du temps, particulièrement du temps pour apprendre, pour mémoriser. Les principes de la « gestion mentale » m’ont beaucoup aidé. Mais, ce temps, je l’avais… Celui que je prenais pour vérifier les devoirs le matin ;  les expliquer et les faire écrire le soir !

    Bien sûr, ce système ne devait en aucun cas casser le lien école-famille, primordial (quand il est positif) dans la réussite de l’élève. J’ai choisi de reconstruire ce lien en inversant son sens établi jusque là : quand il a du travail à faire le soir « l’enfant montre à l’école ce qu’il a appris à la maison » ; je cherche à faire en sorte que « l’enfant montre à la maison ce qu’il a appris à l’école ». Pour cela, chaque élève alimente un portfolio (une feuille Canson par semaine sur laquelle chacun laisse la trace libre ce qu’il a appris et de ce qu’il souhaite partager en famille). Ainsi l’enfant, médiateur de ce lien école-famille, partage chaque week-end ses progrès et ses réussites. Sa famille ne peut que valoriser son travail (lui donner de la valeur) et rendre ce lien positif.

    Ca marche. Au bout d’une année scolaire, je constate que les élèves sont devenus véritablement acteurs de leurs apprentissages, investis dans leur réussite scolaire, conscients de leurs besoins ou difficultés. De plus, le climat de la classe s’est amélioré : vivre ensemble, dans la coopération, vers la réussite de chacun, participe à faire tomber les préjugés sur l’élève qui « dérange » parce qu’il  est en difficulté ou qu’il ne trouve pas sa place au sein du groupe. En ce qui concerne la peur principale des familles : « il ne sera pas habitué à travailler le soir pour le collège » ; chaque parent a pu constater que son enfant, au contraire, était à la fin de l’année scolaire très autonome dans son travail, ramenant de lui-même une leçon à revoir, conscient de son besoin de se rafraîchir la mémoire avant une évaluation. Et que dire du climat de sérénité retrouvé à la maison quand il n’y a pas le conflit quotidien du « Fais tes devoirs d’abord ! ».

    Quand je repense à ce premier poème que nous avons appris tous ensemble, en classe… Au moment de la récitation, j’avais une boule au ventre : un petit-déjeuner trop vite avalé ? J’ai compris, au passage d’un de mes élèves considéré comme « en difficulté » qu’en réalité, je stressais ! Je stressais de savoir s’il allait réussir à aller au bout. Sinon, cela voudrait dire que je n’aurais pas su mettre les conditions nécessaires à sa réussite… Que j’aurais mal fait mon job… Avec ce système sans travail le soir, je me retrouve responsable des apprentissages de mes élèves ! Quelle responsabilité enthousiasmante !

    Mais au fait, ce n’est pas ça être enseignant ?

    Lire aussi sur sitEColes Les "devoirs" à la maison.

    « La classe inverséeL'enseignement explicite »

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